Biograph' [ en cours =) ]

Bon allez ; j'suis de bonne humeur =D Vais la poster ici aussi XDD
Enjoy ^^

Les années avaient passé ; on avait toutes grandi. Le temps défile vite ; trop vite. On avait été séparées, chacune allant dans des lieux d'étude différents. On se souviendra toujours de nos derniers moments ensemble. Une vraie fontaine. Ensuite, il y avait eu les week-ends, les vacances scolaires, les grandes vacances qui se s'étaient déroulées à une vitesse affolante.
Le BAC, ou un BEP pour d'autres. Pendant qu'une se retrouvait dans une prépa', une autre faisait un stage d'une année, ou quelque chose dans le genre. Peu importe. Le temps avait commencé à nous détruire doucement.
Je suppose que nous avions toutes changé. Pour ou contre ? Là n'était pas l'important. Nous étions là, face à face. J'avais tenté de renouer les liens ; j'en avais appelé une, avec qui j'avais bien gardé contact – c'est-à-dire plus qu'une carte postale à chaque vacances, et un coucou sur une messagerie instantanée. On avait décidé de regrouper la petite troupe de nos souvenirs. Je parle de souvenirs ; il ne s'était pourtant passé que 4ans ...
Un silence pesant s'était installé, et il fallait à tout prix briser la glace. Anne Laure – merci à elle – avait eu la bonne idée d'arriver en retard. Ce fut efficace : nous la vîmes arriver en trottinant, et quand elle nous atteint enfin, elle s'appuya sur Claire, respirant difficilement. Elle souffla un « désolée » qui nous fit toutes sourires. Nous voilà donc au complet ; c'n'était pas trop tôt ...

« Lucie , si tu me racontes pas tout, je pique une crise !
- Eh ! D'où tu m'agresses toi ?! Jusqu'ici je suis restée ta mère, alors un peu de respect ! S'exclama-t-elle indignée.

Rire général, et une réplique :

- Oui, j't'agresse ! J'suis pas patiente, alors j'te conseille vivement de me dire ce qu'il s'est passé ce jour là !
- Eh ! Temps mort les filles !
- Mais euh ! Couinai-je à l'adresse de Claire. Elle est pas gentille !

Je lui lançai un regard de chien battu ; elle sourit.

- T'évites de sourire de mon malheur s'il te plaît !

Nouveau sourire, agrandi.

- Vive Claire !
- Tu vas pas t'y mettre Sophie ! M'indignai-je avec un air outré.
- J'vais m'gêner !

Je lui tirai la langue ; elle me la rendit bien gentiment.

- Bon les gens c'est pas que j'ai faim, mais juste un peu ! Fit remarquer Claire.

Je me tournai vers elle. Je lui demandai où est-ce qu'elle voulait aller.

- Mc Do bien sûr ! Répondit Lulu à sa place avec un grand sourire convaincu.

Tous les regards convergèrent vers elle.

- Bah quoi ?

C'était donc à la demande de Lucie que nous nous dirigeâmes vers le fast-food, sans avoir oublié de lui rappeler de ne pas manger de frites, au risque d'avoir mal aux jambes ... S'en suivit un « balançage » de vannes à qui peut mieux ; bref, que du bonheur !

Nous nous remémorâmes nos années ensemble, nos fous rires, nos hontes, nos larmes, nos désespoirs. Tiens, en parlant de ça, je prends conscience que je n'ai rien décrit du tout. Mille pardons.
* Sophie, toujours une jolie fille, bien évidemment ; elle n'avait pas su résister aux mèches noires dans sa chevelure couleur blé. Son côté gothique avait pris en bonne partie le dessus, avec des habits noirs, noirs et une touche de blanc. Tiens, du rouge ! La gentillesse incarnée. J'en fais peut-être un peu trop, mais que vous voulez que je vous dise, comment ne pas l'aimer ? C'n'était pas ma fille de cœur pour rien ... ;)
* Claire s'était, je dirais, « calmée ». Mais cela ne l'empêchait bien sûr pas d'utiliser du vernis noir et de mettre des mitaines avec des têtes de morts. Elle avait une classe naturelle, qui n'était d'ailleurs pas offerte à tout le monde. Et il fallait bien avouer, qu'elle savait très bien s'en servir. Nan, avocate, jamais penser ?
* Anne Laure ; toujours aussi barjot. Mais on l'aimait comme ça. Pas de style, juste elle. De jolies bouclettes qui encadraient son visage toujours souriant et plein de vie. Oui, elle s'était lissée les cheveux ce jour-là. Cela ne lui avait en rien retiré son charme. Alors comme ça, avec Félix, ça s'était concrétisé ? Tant mieux =)
* Lucie... Et bien Lucie ... Que dire ? Les profs ainsi que nos amis n'avaient plus eu la possibilité de se tromper sur nos prénoms pendant quatre longues années... Pas que ça nous avait manqué, mais disons que ça avait été une sensation assez étrange... Toujours cette tendance à s'habiller large, comme pour se protéger ; comme quoi, les habitudes, ça se perd difficilement ! Des cheveux sombres qui avaient considérablement poussé, ainsi qu'une assurance grandissante.
* Et mòi ? Est-ce que ça a une quelconque importance ? Je suis restée moi, avec juste un peu plus de peinture sur les mains...

<3

Et le wall qui va avec =)

CLiiKEUH x)

yearrrrrrrrrrrrrrrr

julie qui se décide enfin !!



huraaaaaa

mdr =P énorme poste ^^

Chapitre 1

Après notre rapide déjeuner, Claire nous fit la surprise de sortir de son sac… « Nos Jours Heureux ». De grands couinements se firent entendre, de joie et d’excitation. Nous nous hâtâmes de nous rendre chez Anne Laure, qui habitait encore chez ses parents, pour le moment. Après un temps de marche, nous atteignîmes enfin notre but. Pas de chance : fête à la maison ; on devait bouger. Et c’était parti, on dut aller jusqu’à chez Claire à pied… Totalement mortes, nous nous écroulâmes sur le canapé, ou carrément par terre, parce que certaines personnes avaient loupé la chaise. Ah bah bravo ! C’est du beau !
Quelqu’un eut l’infini bonté de ramper jusqu’au lecteur DVD pour insérer le disque, pour ensuite tomber à la renverse sur les tas de filles qui s’était créé dans son dos. Ce quelqu’un étant allé, juste avant, chercher, bien sûr, le pot de Nutella adéquat. Tout en riant, nous nous goinfrions de la pâte à tartiner, tandis que Sophie me posait plein de questions auxquelles je répondais joyeusement. Nous avions le droit à des réflexions amers ; comment ça, on n’était pas discrètes ?!
Ce film nous rappelait vraiment beaucoup de choses, comme cette soirée qu’on avait passé après notre séance cinéma ; le film regardé étant bien sûr « Nos Jours Heureux ». Nous passâmes vite du rire aux larmes. Des sentiments profonds refirent surface ; nos adieux avaient été très douloureux, et cette sensation de mal intérieur avait fait glisser des larmes sur certaines joues. Nous terminâmes toutes ensemble, dans les bras les unes des autres, à nous consoler mutuellement.
Notre journée se finit sans trop d’encombres, avec un nouveau pot de Nutella, et des Rocher Suchard à volonté ! Vers le début de soirée, nous nous mîmes à jouer à Settlers of Cattan. Un jeu de stratégie auquel on avait joué peu de fois. Claire nous écrasa consciencieusement, avec Lucie en seconde position, et les autres complètement à la ramasse. Ce fut une journée plein de vie, et inoubliable, pour chacune…

Une sonnerie retentit ; surprise générale. Sursaut collectif. Tout le monde cherche fébrilement son portable. Raté, c’était le téléphone fixe. Claire bondit, dans une prise de conscience, et fonça sur l’appareil – au risque de l’abîmer. Elle décrocha, essoufflée, pour hurler :

- Allô ?!
- Euh… C’est Claire ?
- Oui !!!
- C’est Cassandre…
- Aaaaaahhh !!! Coucou ! S’exclama-t-elle.

Elle se tourna vers le salon, en nous prévenant vivement que c’était une certaine connaissance. Gros blanc ; de qui elle parle ?

- Mais de Cassandre, bande de bananes flambées !
- Eh !

Cri d’indignation ; autre blanc ; couinement de surprise. Nous nous ruâmes sur elle, en essayant de lui arracher le téléphone. Deuxième cri d’indignation, mais venant de Claire cette fois-ci.

- Nan ! Vous ne me le piquerez pas !

Elle nous tourna le dos, pour pouvoir discuter plus tranquillement. Ce n’était pas évident de le faire, avec un groupe de folles qui couraient derrière elle. Elle n’entendait même plus la pauvre Cassandre qui essayait de s’exprimer.

- Bon, la ferme maintenant !

Boum. On se mangea la porte de sa chambre.

- Même pas juste ! S’écria Anne Laure en tambourinant sur la porte fermée à clé. Ouvre ! Nous aussi on veut lui parler !
- Oh mais taisez-vous ! J’entends que dal !
- Tu n’as qu’à ouvrir, et on se calmera ! Répliqua-t-elle.
- J’suis pas convaincue !

Tout d’un coup, le silence s’installa, pesant, gênant. Surprise d’un tel revirement, elle déverrouilla la porte, et entrebâilla faiblement. Une bande de barjots enragées débarquèrent, défonçant tout sur leur passage. Elle s’écroula sous la force du choc, à tel point qu’elle lâcha le téléphone. Je me précipitai sur elle pour savoir comment elle allait, tandis que les autres gueulaient autant qu’elles le pouvaient. Elles ne remarquèrent Claire qu’au bout d’une bonne minute, alors que nous les regardions d’un air désabusé.

- Vous êtes pitoyables les filles, fis-je observer en aidant ma Blonde à se relever.

Elles se calmèrent brusquement, comme si une grande fatigue était soudain tombée sur leurs épaules. Claire retira d’un geste vif le téléphone des mains d’Anne Laure, qui avait un petit air penaud.

- Cassandre ?
- Je crois que je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie… Souffla-t-elle.
- Et bah moi je suis tombée sur le cul alors son truc ! Rétorqua Claire mécontente.

Je balayai du regard la pièce. Anne Laure, ainsi que Lucie étaient assises sur le bord du lit ; Sophie était à mes côtés, à même le sol, tandis que Claire faisait le tour de sa chambre en marchant lentement pour se calmer. Seuls ses paroles, ainsi que le bruit de ses pas sur la moquette usée de sa chambre se faisaient entendre. Un lourd silence s’était installé depuis sa chute. Fatiguée par notre journée, je posai ma tête sur l’épaule de ma voisine (tout en clignant des yeux pour ne pas m’endormir), qui me lança un bref regard, attendrie. Je vis Lucie bâiller à s’en décrocher la mâchoire ; je suivis le rythme, j’en fis de même, emportant avec moi Sophie. Claire avait stoppé sa marche, et s’était retrouvée au centre du cercle qui s’était créé peu de temps auparavant. Nous la vîmes raccrocher.

- Alors ? Comment va notre chère Cassandre ? Demanda Anne Laure en se levant, les muscles endoloris.
- Bien d’après ce que j’ai compris, affirma Claire avec un faible sourire. Les filles n’empêche vous l’avez fait flipper ! Poursuivit-elle d’un ton accusateur.

Elle nous fusilla du regard l’une après l’autre. Nous prîmes toutes des têtes de chiens battus.

- On voulait juste lui parler…Tentai-je en vain.
- Ouais sauf que je garde pas des animaux sauvages chez moi !
- Mais euh…couinai-je sans grande conviction. Pourquoi t’es méchante d’abord ?
- Parce que je me suis fait mal au cul !

Nouveau silence ; sourires esquissés. Fou rire. Ca ne nous allait décidément pas, la colère. Ce n’était pas notre genre, à toutes.

- Les filles, s’exclama Sophie en tapant dans ses mains pour attirer l’attention, j’ai quelque chose d’important à vous annoncer !

Tous les regards se dirigèrent vers elle. Elle se leva, et monta fièrement sur le lit – au risque de me faire tomber.

- J’ai un p’tit boulot dans un bar ! Annonça-t-elle en levant haut les bras.
- Ah ? Et c’est où ? Demanda Claire en levant un sourcil.
- Dans un coin paumé de Maurepas. Poursuivit-elle en perdant soudain toute sa ténacité.

Les épaules abaissées, le regard vers le sol, elle restait immobile sur son perchoir.

- Toi, serveuse dans un bar ? Avec ta maladresse ? Demandai-je avec un petit air amusé.
- Eh ! T’es pas gentille.
- Mais tu sais que je t’aime… !
- Mouais, fit-elle, pas très convaincue.

Enfin, Claire intervint à nouveau :

- Et donc, ton bar, il est à Maurepas ?
- Ouais ! Pourquoi ? La questionna-t-elle, soupçonneuse.

Un sourire éclaira le visage de Claire, tandis qu’elle détournait son regard d’un air innocent. Sophie insista du regard, pendant que la concernée continuait d’ignorer la question. Nous voulions toutes savoir, mais Sophie, étant déjà debout, fut plus rapide que nous : elle bondit du lit, et fonça sur elle.

- Dis-moi tout ! Ordonna Sophie, frustrée.
- Peut-être…insinua Claire, les yeux toujours dans les airs.
- Allez ! Supplia-t-elle en tapant impatiemment du pied.

Le sourire de Claire s’agrandit. Sophie se mit à la secouer comme un prunier, pour lui faire avouer ce qu’elle tenait tant à nous cacher.

- Sophie, tu me fais trop rire !
- Je vois ça ! Bon tu me le dis maintenant ? L’interrogea-t-elle au bout de quelques instants.
- Que si tu as été sage !
- Mais j’ai été sage ! Affirma-t-elle en tapant à nouveau du pied. «

Cela ne rata pas : elle lui écrasa le pied, arrachant un cri de douleur à Claire, qui tentant tant bien que mal de sa calmer. Sophie était totalement paniquée, s’excusant une fois encore, lui demandant comme elle allait. Ah ! De bons souvenirs…


Chapitre 2

- Sophie, t’abuses !
- Claire, ça doit faire la millième fois que je te dis que je suis désolée !

Nous étions maintenant dans la cuisine. Claire faisait partie des rares à être assise, avec Lucie, tandis que nous étions restées debout, trop inquiètes pour le moment. Elle ne l’avait quand même pas loupé. Le pied avait légèrement enflé, était devenu un peu rouge : rien de bien méchant, mais il fallait mettre de la glace pendant une bonne demi-heure. Claire avait accepté en pestant sur Sophie, celle-ci ayant la tête baissée tellement elle avait honte.

- T’as raison Julie.
- Hein ?
- J’devrais pas aller bosser dans ce bar ! Continua-t-elle sans faire attention à mon interrogation. J’suis trop dangereuse !
- Raconte pas n’importe quoi Sophie ! Maugréa claire en la menaçant de son sac de glace.

Je calmai le jeu en lui piquant des mains, et en la forçant à le remettre sur son pied.

- Je suis d’accord avec Claire ; ce que je disais, tout à l’heure, c’était simplement pour te charrier ! Je suis sûre que tu te débrouilleras très bien ! Ca, c’était juste…

Je lançai un bref regard à Claire, puis reprit dans un souffle :

- Un accident …

Un silence pesant prit place, écrasant (nan nan pas de référence >.<), lourd. Chacune pensive, je réfléchissais à la façon dont je pourrais la préparer à son emploi. Soudain, une idée me vint en tête.

- Ma chérie, tu commences à bosser à partir de quand ?
- Dans une semaine … soupira-t-elle, abandonnant déjà.
- Et bien alors on n’a pas de temps à perdre !

Tous les regards convergèrent dans ma direction, attendant sûrement une explication.

- Je suppose que son plus gros boulot, ça sera d’amener des verres du bar aux tables, et faire quelques cocktails…

Sophie confirma d’un léger hochement de tête. Un sourire carnassier apparut sur mon visage.

- Très bien ; et bien va falloir améliorer ta technique. Et pour cela, j’ai une idée : on ne pourra pas t’aider pour les cocktails, ou en tout cas pas moi, parce que alors l’alcool & moi ça fait dix, mais, on pourra t’entraîner à servir…

Elle ouvrit de grands yeux, étonnée.

- Oui oui Sophie … continuai-je en répondant à sa question muette, tu vas déplacer des verres, des flûtes… sur un plateau !
- Tu plaisantes ?
- Est-ce que j’ai l’air de plaisanter ?
- Euh… nan, hélas.

Je levai un sourcil de défi, et insistai pour connaître son avis.

- Ah oui, et en sachant que tu devras probablement lever les bras pour éviter que les gens qui dansent ne se heurtent à toi…
- Pourquoi j’ai accepté ce boulot ?…

Un sourire sadique apparut sur le visage de la blessée, et répondit :

- J’peux pas répondre pour toi, mais surtout, ne t’inquiète pas, j’ai plein d’idées, si jamais Julie sèche… »

Sophie me lança un regard empli de détresse. Je ne fis qu’hausser les épaules, avec un vague sourire, puis lui dire que de l’aide, ça ne refuse pas. Sophie baissa la tête, en pensant qu’elle allait vraiment souffrir…

Chapitre 3

« Nan ! Tiens-toi droite ! Nan, à gauche ! Roh mais dépêche ! Fais pas tomber les plateaux ! Arg ! Les verres ! Renverse pas tout bon sang !...

- J’abandonne ! Déclara Sophie, en reprenant sa respiration.

Elle s’assit brusquement, sur la première chaise qui venait, au risque de tout renverser. Armée de son plateau, elle saturait complètement, et elle avait bien envie de nous l’envoyer en pleine figure. Elle avait pourtant fait d’énorme progrès ! Entre temps, on l’avait fait nettoyer la table à plusieurs reprises, en la chronométrant, pour qu’elle prenne le moins de temps possible ; en sachant qu’il y avait en général des verres délaissés sur les tables, et qu’il fallait parfois frotter fort. Elle n’en pouvait plus. Il était près de 23h ; nous avions commencé vers 19h30. Elle avait aussi rangé entièrement la chambre de Claire ; l’utilité ? La vengeance de Claire. Sadique !

- Ok, fis-je en m’approchant d’elle ; je m’accroupissais devant elle pour continuer d’un air compatissant : tu as réussi à tenir un long temps avec les verres en plastiques. Maintenant, va falloir s’attaquer à des choses qui cassent…

Sophie me regarda d’un air suppliant ; un petit air d’animal apeuré. Je ne pouvais pas lui faire endurer encore ça. On s’était faites servir pendant près de plus de trois heures ! Ca suffisait.

- Allez, lève toi, ordonna Claire en se levant elle-même ; j’t’accueille chez moi pour ce soir. J’ai pas mes parents sur le dos pendant près d’un mois, alors autant en profiter !

Comme dans un dernier effort, Sophie sourit, apaisée. Enfin, j’annonçai que je devais rentrer chez moi. Bien sûr, j’avais laissé ma voiture à SQY ouest. Et oui, la logique et moi… Enfin Lucie n’était pas mieux ; elle n’avait plus de bus. Et Anne Laure devait de la marche à pied. Nous décidâmes donc de faire le chemin ensemble, et que je remmènerais Lucie. Le temps qu’on discute de tout cela, Sophie commençait déjà à s’endormir sur son siège. Je l’observais, attendrie. Un vrai bébé. Je me penchais vers elle, et lui murmurait qu’il fallait qu’elle aille se coucher, mais dans un lit.

- Laisse-moi dormir, maman… Souffla-t-elle, tombant toujours plus dans le sommeil.
- Allez ma chérie, fait un effort.

Elle ouvrit difficilement un œil, puis l’autre. Ceux-ci ne demandaient qu’à se refermer. Je la boostai donc un peu, en la tirant faiblement par un bras. Elle céda, voyant que je n’abandonnerais pas. À peine fut-elle sur ses pieds qu’elle se mit à vaciller. Sa main toujours dans la mienne, je la retenais de justesse ; cela la revigora soudain. Les yeux grands ouverts, elle balaya la salle du regard, puis leva un sourcil.

- Où qu’ils sont passés tous les gens ?

Je faisais un léger signe de tête en direction du hall d’entrée. Quelques instants plus tard, elle était là-bas, en train de dire qu’elle ne voulait pas qu’on parte. Je souris à son comportement ; adorable.

- Pourquoi vous rentrez d’abord ? Vous pouvez pas rester ? Insista-t-elle, pleine d’espoir.
- Nan Sophie, on ne peut pas se permettre ; je sens déjà les foudres de mes parents s’abattre sur moi, du fait que je ne leur ai pas donné de nouvelles.
- Alors je n’imagine même pas les miens ! Ajouta Lucie d’un air blasé. Heureusement pour moi, ils se sont lassés de me « priver » d’ordi’.

Nous nous papotâmes encore un peu, voulant voir nos au revoirs s’éloigner le plus possible. Hélas, le temps nous rappela à l’ordre, et nous les quittâmes, non sans regrets. La porte claqua. Le silence prit place, une fois encore. Ne pouvait-il les laisser tranquilles, à la fin ?! Leurs regards se croisèrent ; elles partirent dans un fou rire nerveux. Claire plaça avec difficulté le fait qu’elles devaient mettre deux matelas dans le salon, ainsi que mettre une couverture. Leurs rires se calmèrent doucement, tandis qu’elles s’attelaient à leur tâche. Elles mâtèrent un film tranquillement, faisant des commentaires, lançant les répliques des acteurs avec les personnages eux-mêmes. La vie était tellement facile dans ces moments-là…

Toutes les deux allongées sur le dos, les yeux bien grands ouverts, le regard fixe, elles restaient immobiles, conservant la paix qui s’était établit. Sophie ne disait rien, se déroulant cette journée dans sa tête, comme pour s’encrer toutes les minutes, toutes les secondes, tout cela dans sa mémoire. Claire brisa le silence, après quelques instants, timidement :

- Sophie ?
- Oui ? Demanda-t-elle en bâillant ; elle commençait enfin à s’endormir !
- Tu veux savoir pourquoi tu m’as écrasé le pied ?
- Bien sûr que je veux savoir !

Claire l’entendit se redresser ; elle avait donc toute son attention. Elle la fit attendre un petit moment, puis déclara enfin :

- J’ai aussi un boulot à Maurepas !
- Nan ? C’est vrai ?!

Elle se leva brusquement, tâtonna un peu, puis alluma la lumière.

- T’es sérieuse ? Continua Sophie, revenant sur ses pas, en s’asseyant, et surtout, en ignorant la plainte de Claire envers la lumière.
- Oui j’suis sérieuse ! Eteins la lumière, s’te plaît !
- Et c’est quoi ton boulot ?
- Educatrice dans un centre de redressement pour mineurs ; bon tu te décides à l’éteindre cette foutue lumière ?
- Dans un centre de redressement ? Oh la classe !
- Sophie, la lumière !
- Mais…

Claire la foudroya du regard. Vaincue, elle alla appuyer sur le bouton. Elle revint à sa place initiale, toute triste. Claire n’aimait pas quand elle faisait ça ; c’était atroce !

- Bon, allez ! Lâcha-t-elle enfin, va jouer avec ta fichue lampe !
- Ouais !!!

Elle courut dessus, depuis fit ce qu’elle voulait tant. Elle reprit la même position, puis regarda Claire avec une lueur d’espoir dans les yeux. Cette dernière leva les yeux au ciel ; un petit sourire en coin placardé sur son visage, elle lui raconta son entretien d’embauche avec la directrice…

- Donc voilà ; tu sais tout…
- Hein hein… fit Sophie d’un air pensif. Et tu bosses à partir de quand ?
- Mmmhh… Je sais que la directrice veut me faire visiter l’établissement, mais c’est tout. Elle me le dira sûrement à ce moment-là !
- Okay. Et comment tu comptes faire ? Pour les transports et tout. Parce que Maurepas, pour nous deux, c’est pas la porte à côté !
- En fait j’y avais pas vraiment réfléchi, avoua Claire d’un air désolé. Pourquoi ? T’as une idée en tête ?
- Oui, j’avoue, reconnut-elle avec un petit sourire contrit. En fait, vu que mes parents essayent quasiment de me foutre à la porte, j’ai cherché un peu, et j’ai trouvé un petit appart’ à louer. Par contre, il n’est pas gratuit, même loin de là, et à moi toute seule, je pourrai jamais m’en sortir. Mais par contre, avec une coloc’… Continua-t-elle, son sourire s’agrandissant au fur et à mesure de ses paroles.

Elle laissa sa phrase en suspens, la laissant prendre tout son sens.

- Coloc’ ? Nous deux ? Demanda Claire, en montrant Sophie du doigt, puis elle-même.

Sophie confirma vivement d’un signe de tête. Son excitation fit sourire Claire. Toujours ce petit air enfantin sur ce visage mûr.

- Okay, ça me va !
- Vrai de vrai ?! Insista la jeune femme joyeusement.
- Vrai de vrai ! Confirma-t-elle.

Sophie poussa un cri d’allégresse (XD), et lui sauta littéralement dessus, trop heureuse pour faire attention à ses gestes. De loin, on put entendre :

- Roh, Sophie ! T’abuses !

Chapitre 4

Le temps défilait doucement ; Sophie s’était installée de façon provisoire, chez Claire. Le jour de leur déménagement arrivait à petits pas, inquiétant de plus en plus les deux concernées. Et si jamais il y avait un problème ? Comment feraient-elles ? Elles n’avaient pas encore de payes ; heureusement que les parents de Claire les aidaient à avancer l’argent ! Sinon, elles ne s’en seraient jamais sorties. Evidemment, ce n’était pas des anges, et Claire devrait les rembourses dès qu’elle en aurait la possibilité…

- J’suis quand même vachement contente de me tirer d’ici ! Avoua Claire en sortant un plat du micro-onde.
- J’te comprends ; certaines fois, j’ai envie de me casser de chez moi, et plus jamais revenir.
- Nan mais moi, cette envie, elle date depuis notre 3ème j’te rappelle.

Hum. Je baissai la tête, ne répliquant rien. Je savais bien tout cela, et que pour elle, s’était un véritable soulagement. Elle avait toujours été plus autonome que moi, et ça n’avait pas changé avec les années. À cette pensée, un sourire s’étira sur mon visage, et je tentai de me concentrer sur mon assiette de purée.

- T’es sûre que tu veux rien manger d’autre ? À chaque fois qu’on mange ici, ensemble, tu bouffes quasiment rien, me fit-elle remarquer en mordant dans son morceau de pain.
- Bah en fait, à la base, j’avais pas prévu de me faire servir à manger, en venant ici ! ^^’ Mais un p’tit repas, ça se refuse pas ! Lui répondis-je d’un air innocent.

Elle rétorqua d’un simple « tirage » de langue, puis mordit furieusement dans son bout de pain. Je lui demandai à mon tour pourquoi elle ne mangeait pas réellement.

- Je flippe, m’expliqua-t-elle en lançant un coup d’œil à la pendule. Dans deux heures, j’dois être à Maurepas parce que la directrice veut me montrer les bâtiments elle-même, souligna-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Je vois que ça t’enchante ! Ajoutai-je, amusée.
- Tu ne te rends pas compte à quel point ! Mais c’est la vie ! Bon j’vais me préparer ; faut que je fasse bonne impression quand même….
- Ouais, bah moi va falloir que j’y aille ; on est Samedi, c’est ça ? Ou Dimanche ? Demandai-je en me levant de ma chaise.
- Dimanche, j’crois. C’est bien tu te tiens au courant ! Bon, tu ne finis pas ton assiette ?

Je regardai la dit assiette, puis Claire tour à tour, pour enfin lui dire :

- J’ai pas très faim !

Je fonçai dans le hall d’entrée, attrapai ma veste au passage, et en sortant, je criai :

- Je t’aime ! Et dis à Sophie que je crois en elle !

La porte claqua de nouveau, mettant fin au son de ma voix. Claire était restée scotchée sur place, immobile. C’était ce qu’on appelait « passer en coup de vent ». Je pense tout de même qu’elle avait l’habitude maintenant…
Elle se préparait à jeter mon reste, quand Sophie débarqua en trombe, et l’empêcha d’atteindre son but.

- Eh mais ça va pas ?! Pourquoi tu jettes de la purée ! T’as pas mangé ? Ou il y a quelqu’un qui est venu sans que je m’en aperçoive ? Continua-t-elle, soudain suspicieuse.
- Bah tu viens de louper Julie, mais sinon, personne n’est venu, répondit Claire d’un ton détaché. Je peux jeter la purée ?
- J’ai raté Julie ? Roh ! C’est pas vrai ! Pourquoi vous ne m’avez pas appelé ?
- Parce que tu es restée 30 minutes sous la douche, et qu’à force d’appeler justement, on n’avait plus de voix. Bon je la vire ou pas ?

Sophie lui lança un regard triste. Bien sûr, pas à cause de la purée !

- Ah oui, au fait. Elle m’a dit, de te dire, qu’elle croyait en toi.

Un timide sourire naquit sur ses lèvres. Heureuse, elle lui annonça qu’elle pouvait jeter la purée, puis s’en alla, chantonnant un air qui rappelait quelque chose à Claire… Elle regarda l’heure ; horreur ! Dix minutes étaient quasiment passées. Elle se dépêcha de se préparer, et enfin, sortit, prévenant rapidement sa future colocataire en la croisant dans un couloir.

- Ok ; tu seras là pour ce soir ?
- Bien sûr ! Affirma Claire en appuyant sur la poignet. Je ne raterai cette soirée pour rien au monde !

La porte claqua une deuxième fois. Sophie, qui ne savait pas trop quoi faire pour s’occuper, envisagea un instant de faire la vaisselle. Sport d’une haute portée, qu’elle devrait maîtriser un jour ou l’autre. Elle scruta la cuisine un moment. Oui, un jour ou l’autre. Elle alla donc dans sa chambre pour se changer.

14h00 ; très exactement (elle avait vérifié à l’horloge parlante). Le stresse la tenant, elle se tordait les doigts, pour se convaincre de ne pas courir dans le sens opposé. Allons dont ! Elle n’allait que visiter les lieux. Elle l’avait déjà, l’emploi ! Alors pourquoi était-elle aussi apeurée, à ce moment précis ? Elle jugea bon d’inspirer un bon coup, puis s’obligea à faire les quelques pas qui la séparaient de la bâtisse. Gling. La clochette annonça son arrivée. Hésitante, elle re-détailla la salle. Rien de bien exceptionnel ; des murs clairs, poussiéreux en certains endroits, ou quelque peu fissurés en d’autres. Tout en observant, elle rejoignit le centre de la pièce, pour demander d’un ton incertain, en remettant machinalement la bandoulière de son sac sur son épaule :

- Bonjour Madame. Euh, je suis là pour…
- Puis-je connaître votre identité ? La coupa la dame de l’accueil, hautaine.
- Je m’appelle Claire * et je …
- Que venez-vous faire ici ? Enchaîna-t-elle en faisant mine de s’y intéresser.

Claire commençait sérieusement à s’énerver. Il lui fallait garder son emploi ; elle le conserverait à tout prix. Ce n’était sûrement pas cette pimbêche qui allait tout compromettre ! Elle prit une grande inspiration, et répondit en s’appuyant sur le muret qui la séparait de cette cruche, avec un sourire crispé :

- Je suis là pour voir la directrice de cet établissement. Ne me coupez pas ! Ordonna Claire préventivement, ayant observé son manège. Je suis là parce que j’ai obtenu le poste qui était proposé. Donc, est-ce que je peux la voir, ou faut-il que je la trouve moi-même ?

Ses yeux brillaient d’une grande colère, et ses poings serrés étaient tout à fait explicites. Elle ne tiendrait pas très longtemps. La femme abandonna, et l’informa qu’elle allait chercher la dite personne. Se doutant qu’elle se ne presserait pas, Claire reprit son observation. Elle remarqua un tableau, perdu sur l’un des murs nus de l’entrée. Un jeune homme, peu souriant était affiché. Elle ne connaissait pas la réelle raison pour laquelle ce tableau était placardé là, mais elle le pressentait quand même bien…

Encore fallait-il que quelqu’un soit là, pour qu’elle puisse en savoir plus ! Cette stupide bonne femme avait dû se prendre un café, juste pour la bizuter. Merci pour l’accueil, songea-t-elle en s’impatientant. Ce fut justement au moment où elle s’avançait vers la porte à grands battants, que l’autre cruche revint, accompagnée, heureusement pour elle. Dommage, elle ne pourrait pas la boxer. Cela ne saurait tarder. Un sourire de soulagement apparut sur son visage, et elle rejoignit la directrice, qui l’invitait gentiment à aller dans son bureau. Après être passées par plusieurs couloirs, et avoir pris une fois les escaliers, elles atteignirent enfin le bureau. La directrice l’invita à s’asseoir, ce qu’elle fit avec plaisir. Ne rêvez pas ; le stresse n’avait pas disparu !

- Bien, Claire, cela fait la deuxième fois que nous nous voyons, et que vous vous baladez ici. Enfin, je dis « balader ». Ca serait plutôt « guider ». Bref, passons. Souhaitez-vous savoir quelque chose en particulier ?

Signe de dénégation.

- Je vois que c’est moi qui vais devoir parler. Comme vous voulez ! Déjà, ne m’appelez pas Madame, ou autre chose dans ce genre, Elisabeth me suffira. Ensuite, faites bien attention à ne pas vous laisser marcher dessus. Ces jeunes hommes ne sont pas des anges ; vous devez sûrement vous en douter. Mais surtout, ne vous laissez pas amadouer. Je ne dirai que c’est une sorte de prison, mais plutôt une grande maison très stricte.

Hochement de tête.

- Vous êtes sûre que vous n’avez rien à dire, ou demander ?
- Mmmhh… Déjà, s’il vous plaît, tutoyez moi, parce que le vouvoiement, ce n’est pas trop mon truc. Ensuite, j’ai deux questions.
- Je t’écoute.
- La première étant : que signifie le tableau qui est à l’entrée, et que vous avez en double ici ? Demanda-t-elle en pointant le tableau cité.
- Saches que le double est celui du hall, et que ce jeune homme est mort ici, dans cet établissement. Dans un accident stupide ; comme tous je crois. Et ta deuxième question ?
- Vous acceptez les visites surprises des amies d’une employée ?...

mdr
les visites surprises ?
euhhh
lool
bon bin jattend la suite pck c'est qd mm le mieu le passage ou chui bourée !!

Mdr :P Je fais ce que je peux ^^ Faut que je continue à recopier^^ et comme une c*nne, j'ai monté mes cahiers en bas XDD
bienvenue à boulette land ! bref j'vais les chercher ^^ si j'ai la force et le courage XD

je suis de tout coeur avec toi ma gazelle !! :P

lol merci de ton soutien ^^ j'me sens tout d'un coup priviligiée ^^ :roll:

et alors cette suit e?

Euh... bientôt, bientôt ^^

bon elle vient ?

Oui oui voilà ^^ les deux chapitres suivants :

Chapitre 5

Une demi-heure plus tard, elles étaient affalées sur deux chaises, l’une appuyée sur son dossier, l’autre sur la table.

- Et donc ? Ton rendez-vous ? Tu m’en as toujours pas plus dit !
- Faut avouer qu’on était trop occupées à se foutre de l’eau dans la gueule, et des coups de serviette.
- Ouais ! D’ailleurs va falloir que je me rechange à cause de toi T_T
- T’avais qu’à faire la vaisselle, et on en serait pas arrivées là ! Répliqua Claire en se redressant.
- On dérive là ! Alors ?! Les bâtiments ?
- Oui oui oui …

Elle fit un petit temps de pause comme pour se remémorer ce qu’elle avait vu. Elle lui énuméra les différents lieux, lui expliquant ce qu’il se passait à tel ou tel endroit. Elle hésitait encore par contre sur le fait qu’elle devait choisir entre manger là-bas, et manger dans leur appart’.

- C’est à toi de voir ! T’auras combien de temps pour manger ?
- Qu’une heure…
- Bon bah c’est tout réfléchi : faut que tu bouffes là-bas. Non pas que ça m’enchante, mais ça sera plus simple pour toi !
- Oui, t’as peut-être raison…

Sophie lui lança un sourire, se voulant encourageante.

- Bon ! Moi j’vais me changer. À tout’.
- Ok, fit Claire en la regardant sortir.

Laissée seule, elle resta un bon moment, immobile, dans une réflexion qui se voulait importante. Au pire, si le self ne lui plaisait pas, elle pourrait simplement aller dans leur appart’. Elle aurait moins de temps pour se nourrir, mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Satisfaite, elle se leva, puis s’élança vers sa chambre, en empruntant bien sûr les escaliers. Coup d’œil au portable : il était bientôt 17h30.

- Sophie ! Tu dois être là-bas dans une heure !
- Quoi ???!!!

Claire entendit quelque chose toucher brutalement le sol. Puis un deuxième, puis un troisième. Elle vit ensuite apparaître la tête Sophie dans l’embrasure de porte.

- Tu déconnes ?!
- Est-ce que j’ai…
- Oui, oui, ok, t’es sérieuse !...

La porte se ferma violemment. En à peine cinq minutes, elle sortit sous le regard amusé de Claire.

- Okay, je t’ai menti. On a 2h de rab. Vu que t’as fait nos sacs, on peut s’installer « là-bas »…

Sophie voulut d’abord lui sauter dessus, furieuse, puis au fur et à mesure de ses paroles, elle se retint.

- Alors, c’est officiel ?
- Oui, c’est officiel, déclara Claire dans un vague sourire.
- Aaaahhh !

Cri de bonheur. Elle se rua dans sa chambre, qui était à la base, la chambre d’ami. Elle regarda fièrement sa valise, puis balaya du regard la pièce, d’un petit air mélancolique. Allez ! Elles allaient bientôt avoir leur endroit rien qu’à elle ! Pourtant, en quelques jours, elle s’y était attachée, à cette pièce. Décidée, elle empoigna son sac, et sortit. Elle retrouva Claire, en bas des escaliers, l’attendant patiemment. Elle les descendit, tranquillement. Elle n’arrêta pas sa marche : Claire avait ouvert la porte. Elle fit quelques pas dehors, puis marcha jusqu’à la voiture. De son côté, Claire resta un petit instant. Plein de souvenirs tournaient dans sa tête. De bons moments, comme des mauvais. Mais, déterminée, elle embrassa du regard les lieux, puis ferma la porte, rompant tout lien qu’elle avait eu avec cette maison…

Elles roulèrent pendant une bonne demi-heure, Claire au volant, et Sophie qui avait le Permis mais pas la voiture qui allait avec. Celle-ci était appuyée contre la portière, somnolant. Elle sentit une légère secousse, puis le silence ; plus de bruit de moteur. Elle ouvrit les yeux, se réhabituant à la lumière extérieure, puis sortit du véhicule. Tandis que Claire s’activait derrière elle, elle détailla l’immeuble. Complètement béate, elle ne se décida à aider Claire que lorsque celle-ci arriva devant le dit immeuble. Elle lui prit une valise, ouvrit la porte, prit l’ascenseur : cinquième étage, le dernier. Arrivées, Sophie fouilla dans un sac à main, puis en sortit les clés. Elle inséra la clé dans le verrou, et tourna. Elle poussa la porte d’un geste ample du bras. Elle regarda Claire par-dessus son épaule, lui fit un sourire.

- On y est !

Elles pénétrèrent dans l’appartement ; Claire découvrait progressivement, alors que Sophie, qui connaissait déjà, rentrait un à un les différents bagages. Sophie l’informa qu’il y avait un grand lit, et que sinon, le canapé était dépliable pour faire un lit deux places. Claire l’écoutait d’une oreille distraite, observant les lieux avec délectation. Elle fit quelques pas dans la cuisine, dans la salle d’eau. Un vrai paradis.

- Merci Sophie…murmura-t-elle pour elle-même en passant sa main sur l’un des murs.
- J’t’en prie ! Lança-t-elle malicieusement.

Claire lui rendit son sourire, un peu gênée d’avoir été prise en flagrant délit. Elle lui demanda :

- Tu veux qu’on commence à ranger les affaires, ou pas ?
- Oh non ! Profitons du fait même d’être ici, d’accord ? S’il te plaît !
- Okay, c’est comme tu veux.

Elle balaya à nouveau du regard la pièce. Elle tira de sa poche son portable, et lut à voix haute l’heure.

- Dans une heure et demi, va falloir que tu sois à ton boulot. Alors tu veux profiter, ou te pomponner ?
- Me préparer, rectifia Sophie dans un sourire. Tu m’aides ?
- C’est parti ! Annonça Claire en tapant gaiement dans ses mains. Tu seras la plus belle de la soirée !
- Nan, nan ! Toi la première, et moi la seconde ! T’inquiètes, on va trop gérer !

Claire lui jeta un regard anxieux, auquel Sophie répondit en la poussant dans la salle de bain…


Chapitre 6

Une heure plus tard, elles ressortirent enfin de la salle de bain. Elles avaient déjà commencé à ranger un peu leurs affaires de toilettes ; c’était un bon début ! Elles s’étaient bien sûr préparées entre temps. Pas besoin d’une description, elles étaient simplement magnifiques. Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Sophie commençait à être inquiète. Et si elle faisait tout de travers ? Si quelque chose se passait mal ?

- Du calme Sophie ! Tu commences à m’stresser moi aussi ! Alors respire un grand coup, et quand on sera rentrées dans le bar, tu auras le droit de t’inquiéter !
- Ca m’aide beaucoup ! Répliqua la concernée, en la fusillant du regard.

Elle se frottait les mains, plus pour s’occuper que par réel besoin, et elle regardait la route qui se déroulait sous ses yeux. Un nœud s’était lié dans son estomac, terrifiée à l’idée de faire quelque chose de mal. Au secours ! Claire se gara. Elles avaient quelques minutes d’avances. Ca plaisait au patron, en général ça, nan ? Sophie sortit rapidement, et s’engouffra dans l’endroit qui lui faisait perdre ses moyens. Claire la talonnait, observant les lieux ; sympa le bar. À cette heure, c’étaient encore les préparatifs pour la soirée. Il n’était que 19h30. Alors autant en profiter pour visiter l’endroit. Elle fit rapidement le tour, remarquant les bons coins, et les coins justement à éviter. Elle discutait parfois avec les serveuses, qui l’informèrent qu’il y aurait un karaoké. Cela enchantait Claire. C’est pas vrai, une bande de boulets viendraient se casser la voix au micro tout au long de la soirée. Pourvu que ça ne dure pas trop longtemps, songea-t-elle en s’appuyant sur le bar.

Les gens commencèrent à débarquer vers 21h. Bien longue attente pour quelqu’un qui n’avait rien à faire ! Alors elle avait regardé toutes les chansons qu’on avait la possibilité de chanter. Elle avait reconnu quelques chansons, mais la plupart dataient d’au moins 4 ans ! Sophie, quant à elle, avait discuté avec le gérant, avec les serveuses avec lesquelles elle s’entendait plutôt bien. Bref, l’attente avait été longue pour tout le monde… Le bar se remplit doucement, tandis que Sophie travaillait déjà. Slalomant entre les tables, entre les gens qui étaient sur la piste de danse, elle se débrouillait comme une vraie petite chef. On lui avait aussi appris quelques mélanges basiques. Claire était fière d’elle. Elle souriait, heureuse pour elle. Sophie avait aussi le sourire, indiquant bien que ce qu’elle faisait, ne lui déplaisait pas trop. Vers 22h, alors que Claire avait déjà dansé, bu un verre (nan, elle ne boit pas encore les danses !), et refusé une dizaine de proposition de verre & de danses, Sophie s’attarda un peu à ses côtés, pour prendre une petite pause de cinq minutes.

- C’est bien Sophie ! Continue comme ça !

Celle-ci lui lançait un vague sourire, s’asseyant à ses côtés. Elle embrassa du regard la salle, puis observa quelques instants un point éloigné.

- Qu’est-ce que tu regardes ? Demanda Claire, en se levant légèrement pour regarder dans la même direction.
- Viens, lui dit-elle en ignorant sa question, viens avec moi.

Sophie l’emmena à l’étage, en passant par l’espace réservé aux serveuses, puis elles regardèrent par le hublot qui donnait une vue plongeante sur la file d’attente. Elle était conséquente, et avançait à une vitesse frustrante. Le videur demandait parfois les cartes d’identités, alors que certaines fois, il laissait passer de jolies nanas qui étaient bien équipées. Pitoyable !

- Tu le vois, celui-là ? L’interrogea Sophie, en montrant « celui-là » du doigt.
- Celui qui est à la coupe Roi Lion ?
- Euh, si tu veux ! Répondit-elle déstabilisée.
- Bah ouais, j’le vois ! Et alors ?
- Bah … L’est beau !
- Tu ne le vois même pas, de là où on est !
- Sauf que de là où on était, je le voyais !
- Pourquoi tu m’as emmené ici alors ?
- Parce que j’avais envie !

Claire la dévisagea un instant, haussa les épaules, et reprit le chemin inverse. Observant que Sophie ne suivait pas, elle se tourna vers elle dans un sourire :

- Si tu ne viens pas, tu ne pourras pas parler à ton joli bestiau !

Cela la convainquit instantanément : une vraie fusée. Sophie dévala les escaliers, et fonça dans la foule, oubliant complètement Claire qui arborait un sourire satisfait. Mordue ! Elle descendit à son tour les escaliers, croisa l’une des serveuses, qui lui demanda pourquoi elle était là. Elle évita la question, en lui disant qu’elle s’était trompée, croyant que c’était les toilettes. La jeune femme concéda, peu intéressée par l’histoire que Claire était en train d’inventer. Elle la laissa donc, et Claire put rejoindre son amie, qui était très occupée avec ses verres.

- Avoue que tu le regardes tout le temps.
- Y’a rien à avouer. J’l’assume très bien, rétorqua Sophie d’un air détaché, et en rangeant des verres propres sous le comptoir.
- Puisque c’est comme ça, moi j’vais danser. À’t’à l’heure !
- Ouais, ouais, marmonna Sophie en lançant un nouveau regard à la table à laquelle elle portait un grand intérêt.

Claire s’enfonça dans la foule dense, remuant légèrement au rythme de la musique. Perdue dans cette troupe, elle sentit un vibreur quasi-insignifiant. Elle extrait de sa poche son portable, et rentrant doucement dans le tempo de la chanson, elle lut le SMS qu’elle venait de recevoir. Celui-ci lui tira un sourire attendri, étant signé « Playmobill ». Elle le glissa à l’abri, et remit à bouger au son de la musique.

Les spots, tous ces gens qui dansaient autour d’elle, cette chanson dont elle ne comprenait même plus les paroles. Tout tournait, plus rien n’avait de signification. Une véritable transe. Elle était épuisée, mais elle luttait envers et contre tout, comme cette fatigue qui lui demandait de retourner sur son siège. Accompagnée d’un cavalier provisoire, ou seule, elle enchaînait les danses. Elle ne réagit pas tout de suite, lorsqu’elle sentit deux mains se glisser sur ses hanches pour suivre le rythme avec elle. Ensemble, ils dansèrent pendant un long moment, Claire n’ayant pas toujours pas vu le visage de l’inconnu. À ce moment précis, cela n’avait aucune importance. Elle flottait littéralement, encore dans cette transe qui la tenait depuis… combien de temps déjà ? Entraînée par la musique qui se voulait langoureuse, elle se tourna vers la personne qui la dirigeait. Ce fut un choc. Tout se stoppa, tout tomba en ruine. Les spots, les gens, la chanson. Toute la magie avait disparu, pour ne laisser que la stupeur. Les bras croisés autour du cou du jeune homme, elle les retira avec ébahissement. Lui, n’avait pas enlevé ses mains de ses hanches. Un léger sourire sur les lèvres, il avait l’air amusé de la situation. Elle ne se rappelait pas de son nom. Il lui disait quelque chose, mais elle aurait été incapable de le nommer. La chanson prit fin, les gens déblayèrent rapidement le plancher, attirés par quelque chose. Ils ne se décidèrent à se quitter du regard qu’au bout d’une bonne minute, Claire toujours aussi surprise, et lui, toujours souriant. Ils regardèrent dans la même direction que les autres personnes présentes. Le gérant annonçait le début du karaoké. Claire soupira. Au moins, elle pourrait rire en regardant les gens se ridiculiser. Lorsqu’elle voulut se tourner vers son partenaire, elle fut déçue de ne plus le voir à ses côtés. Elle le chercha brièvement dans la foule qui se tenait devant la scène, puis le trouva enfin, accoudé au bar. Assis sur une chaise surélevée, il avait l’air de s’ennuyer ferme. Et il fallait avouer que la personne qui chantait faisait quelques fausses notes. Elle hésita à aller lui parler. Mais elle s’était sentie tellement bien, dans ses bras. Elle frissonna rien qu’à cette pensée. Immobile au milieu de cet attroupement de gens, elle le scruta longuement : coiffé d’une casquette et de dreadlocks, il se tenait plutôt droit. Il avait tout à fait le style du rappeur : le baggy, le T-shirt XXL… Ca y était, elle était prête. Elle avait compté jusqu’à trois, et s’avançait maintenant vers lui ; pourtant, quelque chose gêna son programme. Il discutait avec…Sophie ?!

Avachi sur le comptoir, un verre à la main, il attendait. Quoi, lui-même se le demandait. Les yeux dans le vague, il fut coupé dans sa réflexion par la jeune serveuse qui s’occupait du bar :

- Vous, y’a quelque chose qui vous tracasse. Il paraît qu’on se confit plus facilement aux qu’on ne connaît pas .Je suis une petite serveuse dans une discothèque, que vous ne reverrez probablement jamais. Besoin de parler ?

Le monologue de la jeune femme lui arracha un sourire.

- C’est quoi, ton nom ?
- Sophie.
- Ok. Alors Sophie, je vais te parler. Mais d’abord, un autre verre s’il te plaît.

Elle obéit, puis continua à vaquer à ses occupations, tout en écoutant son client.

- Bon…J’ai un cousin. Un p’tit mec bien. Mais il a fait une connerie ; une grosse connerie. Ses parents sont morts.

Il but cul sec son verre, puis enchaîna :

- Maintenant, avec mon frère, on est sa plus proche famille. Et on n’a pas d’autres choix que de le classer dans un centre de redressement. Ca ne nous enchante pas, mais comme je l’ai dit, on n’a plus le choix…
- Et vous avez trouvé un centre, ou pas ?
- Nan, pas encore. Dès qu’on leur parle de « mort accidentelle », ils deviennent, tout d’un coup, moins accueillant.
- Je vois. Je peux peut-être vous aider dans ce cas-là. J’ai une amie qui bosse dans un centre, justement à Maurepas. Je peux vous donner son numéro, et vous pourrez prendre rendez-vous ? Vous n’avez rien à perdre !

Il étudia sa proposition, puis finalement accepta, tout en demandant un autre verre. Sophie lui servit, non sans un regard sceptique.

- Donnez-moi votre main.
- Pourquoi ? Tu comptes lire mon avenir ? Demanda-t-il avec un sourire en coin.
- Peut-être bien…

Il posa sa main droite sur le comptoir ; elle la saisit, et la tourna pour noter à la surface le numéro de téléphone.

- Au fait, votre prénom ?…
- Tom…

Puis elle le vit disparaître dans la foule. Elle resta un moment pétrifiée, mais se reprit bien vite : déjà plusieurs clients se plaignaient de ne pas voir leur boisson arriver. Elle soupira, puis se remit à sa tâche…

bouréeeeeeeeeeeeee XD
zadouuur

xDDD Voilà le chapitre qui suit ^^

Chapitre 8

Un bon quart d’heure plus tard, elle s’offrit une vraie pause. Une bonne demi-heure sans rien faire du tout. Quel délice. Elle annonça qu’elle quittait le bar ; elle eut le droit à plusieurs gémissements d’indignation. Désolée les gens !
Elle haussa les épaules en s’éloignant. Bien ; que pouvait-elle faire en trente minutes ? Dormir ? Nan, elle serait dans le cirage tout le reste de la nuit. Aller danser ? Déjà qu’elle était bien fatiguée, elle ne tiendrait pas. Non, la chose la plus simple à faire serait d’exécuter ce qu’une jeune femme de son âge fait le mieux : draguer ! Pas fatiguant, plaisant. Tout bénéfice. Elle balaya du regard la pièce, à la recherche d’une table intéressante. Table repérée ; depuis un bout de temps d’ailleurs. Avec son petit air mélancolique, et son sourire timidement moqueur, il était tout simplement craquant. Elle le vit boire une gorgée de sa boisson. C’était humainement insupportable. Il avait une délicatesse magnifique. Les yeux fixés sur sa table, il avait l’air passionné par le clown qui chantait comme une casserole. Il semblait vraiment s’amuser, et paraissait se retenir de tomber dans un fou rire. Oui, tout simplement craquant. Tiens, la table se rapprochait dangereusement d’elle. Ah nan, ce n’était pas la table qui était en mouvement. Trop tard pour reculer ; elle était à sa hauteur.

- Je peux m’asseoir ?

Zut. Elle l’avait tiré de sa rêverie. Il avait l’air déboussolé. Pourtant, quand il croisa son regard en levant la tête, il sourit gentiment.

- Oui, bien sûr.

Il avait un léger accent. Allemand lui semblait-il. Peu importe. Elle se décida enfin à tirer un tabouret, puis se posa. Il fallait absolument qu’elle instaure le dialogue, sinon ses trente minutes auraient été utilisées pour rien. Elle prit son courage à deux mains pour l’interroger sur la soirée.

- Alors ? La soirée vous plaît ?
- Oui, j’aime bien ce genre de soirée karaoké, fit-il en souriant.
- Oui, enfin, c’est mieux quand ils chantent juste.

Le sourire du jeune homme s’agrandit, tandis que celui de Sophie naissait doucement. Elle baissa les yeux ; il regarda la scène. Un homme gigotait bizarrement au son de la musique de Céline Dion. La plupart des spectateurs arboraient un sourire crispé, ou des mines dégoûtées. Tout pour plaire.

- Et vous… ?

Ca aurait pu relancer la conversation, s’ils n’avaient pas commencé en même temps. Au moins, il veut bien discuter, songea-t-elle.

- Excusez-moi. Vous vouliez dire ? Interrogea le jeune homme en triturant son verre.
- Nan, c’est à moi de m’excuser. Je n’avais pas à vous couper.
- J’insiste.
- On ne va jamais s’en sortir si on continue comme ça ! Coupa court Sophie en levant les mains.

Le jeune homme souriait toujours, mais avec un petit air gêné. Sophie s’amusait de cette situation. Non pas qu’elle n’était pas gênée, mais valait rire que pleurer.

- On va simplifier les choses : vous commencez en posant votre question, et je poursuis avec la mienne. Ha ! Je n’accepte aucune protestation ! S’écria Sophie d’un air malicieux.

Le sourire du jeune homme s’agrandit à nouveau légèrement, gommant toute trace de gêne. Quelles dents magnifiques. Sophie, tu dérives !

- Ca me va alors.
- Cool.
- Votre boulot vous plaît ?
- Euh… plutôt, oui. Pourquoi ?
- Vous avez l’air nouvelle.
- Vous fréquentez souvent ce bar ?
- Tous les Samedi soirs d’habitude. Mais vue que ce soir c’était karaoké.
- Vous êtes venu pour le karaoké ?!
- Oui, avoua-t-il en baissant les yeux. Disons que ça me rappelle des souvenirs.

Sophie leva un sourcil, n’ayant pas saisi le sens de l’insinuation.

- C’est mieux que vous n’ayez pas compris…

Un ange passa ; il valait mieux briser la glace tant que c’était possible.

- À moi maintenant. Est-ce que vous chantez souvent ? Je veux dire, vous allez aux karaokés pour regarder, ou pour participer ?
- Ca dépend. En général, je regarde, mais si on me demande de chanter, je ne refuse pas.
- Je vois…

Le destin, ou peut-être autre chose. Personne ne pourrait le dire. Un sport se dirigea vers eux deux, éclatant la bulle dans laquelle ils étaient confortablement installés. Baignés dans le halo de lumière, Sophie était pétrifiée, alors que le jeune homme semblait très calme. Ca y était ; elle avait fait quelque chose de travers. Elle avait mal lu les petits caractères en bas du contrat, peut-être ? Elle n’avait pas le droit de s’approcher de trop près d’un client ?! Elle avait en tout cas fait quelque chose, et elle allait être humiliée. Elle s’enfonçait doucement dans son siège, quand elle entendit sortir d’un des haut-parleurs :

- Vu qu’il n’y a plus de volontaires pour le karaoké, on va en nommer quelques uns, et on le clôturera plus tard. Vous êtes demandé sur scène, jeune homme !

Sophie s’était gentiment enfuie du halo, de peur des représailles du directeur ; oui c’était bien lui qui avait fait l’annonce ! Le jeune homme se tourna vers Sophie, pour la voir plus éloignée de lui, debout, et dans le noir. Il haussa les épaules, et se dirigea vers la scène en envoyant ses cheveux en arrière avec assurance…

Un peu plus tôt, de son côté, Claire était accoudée sur le comptoir, une bouteille de bière lui tenant compagnie. Haut perchée sur son tabouret, elle regardait avidement les bouteilles d’alcool alignées derrière le serveur. Allait-elle craquer, et en demander une deuxième ? Quelqu’un la coupa dans sa réflexion ; la personne venait de s’asseoir à ses côtés.

- Nan, je n’ai pas envie de danser, soupira-t-elle en levant les yeux en l’air, désespérée.

Ca n’était pas la première personne à laquelle elle refusait une danse (hommes & femmes confondus ! =/)

- Qui a dit que je voulais danser ?
- Parce que t’es tout à fait le genre.

Elle lui offrit l’honneur de lui lancer un regard. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres.

- Ouais, tout à fait le genre ! Répéta-t-elle en appelant le serveur. Un autre bière SVP.
- La même, intervint-il. Comment ça, le genre ? T’as pas aimé, nous deux, tout à l’heure ?
- Qui a dit que j’n’ai pas aimé ? Lui retourna-t-elle la question dans un sourire en coin.

Le serveur apporta les deux bières discrètement, préférant ne pas interférer. Trop risqué !

- Tu ne dis donc pas non !
- J’ai pas dit oui non plus.
- Sauf que quand tu t’es tournée vers moi, t’avais l’air surprise.
- Pas forcément bon pour toi ça ! Être surpris ne signifie pas qu’on est forcément agréablement surpris !
- J’n’ai pas dit ça.
- Sauf que si tu en parles, c’est que tu penses que c’est un atout.
- Et toi, si tu penses ça, c’est que ça te dérange que ce soit le cas.
- Oulà ! C’est trop dur pour un cerveau de blonde comme le mien. T’aurais pas fait psy dans une autre vie ?
- Pourquoi dans une autre vie ?
- On ne t’a jamais dit que c’était mal poli de répondre par une question ? … Pourquoi pas, hein ? C’est juste parce que t’as pas le genre d’un psy.
- Ah oui, c’est vrai, j’ai le genre d’un danseur.
- Nan, nan, rectifia-t-elle en finissant sa bouteille, pas d’un danseur. D’un loveur ! Bah, personne n’est parfait après tout !
- Tu as l’exception juste à côté de toi !
- C’est bien ce que je disais : LOVEUR ! Et en plus, pas modeste !

Ils rirent ensemble, et commandèrent une autre bière.

Quasiment une bière à la minute. Nan, vraiment, ça devenait navrant. Arrêtez le massacre ! Complètement affalée sur le comptoir, Claire riait gaiement, tentant malgré tout de se tenir droite, pour ensuite se rétamer lamentablement sur son appuie. Non, elle n’était pas saoule ! Juste un peu…gaie ! Voilà, elle était gaie ! Et pas de pensées douteuses au passage !

- T’es complètement pétée, fit observer son compagnon de jeu en éloignant la bouteille des mains de Claire pour qu’elle ne puisse plus l’atteindre.
- T’es pas forcément mieux ! Assura-t-elle en essayant maladroitement de récupérer ce qui lui appartenait. Eh ! T’es pas drôle. Rend-moi ça. S’il le faut, j’me lève !
- J’ai peur.
- J’en étais sûre, fit-elle fièrement. Froussard !
- Eh !!! D’où tu me traites de froussard ?!
- Ici et maintenant ! Rend-moi cette bouteille, supplia-t-elle en tendant les mains vers son du.

Il continua à la narguer un petit moment, puis la but juste sous son nez, prenant tout son temps. D’un air outré, elle lui donna un violent coup dans le torse ; il s’écroula de tout son poids par terre. Elle se mit à rire de plus belle en le regardant se masser douloureusement.

- Et c’est moi qui suis bourrée ?

Elle arrêta brusquement de glousser, puis se tourna vivement vers la scène. Cette voix ; elle la connaissait, elle en était certaine. Elle se leva fébrilement, ses mouvements hésitants, dû à l’alcool qui troublait ses pensées. Des souvenirs remontaient à la surface, mais trop vagues pour les classer. Elle détailla la personne qui était sur scène. Elle chantait quelque chose en anglais. Un titre qu’elle aimait ; elle avait hélas absorbé tellement d’alcool, que donner son nom était hors de sa portée. Elle savait juste que cette chanson avait été écrite par un groupe. Un groupe qu’elle avait apprécié, aimé de toutes ses forces. Tokio Hotel ? Elle regarda plus attentivement la personne qui chantait. Des cheveux sombres, une coupe à la Roi Lion. Tiens, en parlant de ça, il faudrait qu’elle parle avec Maéva. Maéva ? Maéva = Playmobill. Ses muscles se contractèrent sous le choc de la surprise. Bill. C’était Bill de l’ancien groupe TH qui était en train de chanter dans la boite où Sophie bossait ! Le Bill ! Ses muscles se relâchèrent doucement. Elle avait vraiment besoin d’un verre (on ne dira pas de quoi !). Elle tourna tranquillement les talons, mais rentra en interférence avec un torse. Très sympa l’eau de toilette, d’ailleurs ! Elle était prête à s’excuser quand elle s’aperçut de l’appartenance du corps.

- Toi, faut qu’on parle.

Il ne rétorqua rien, mais la suivit, tiré par la main. Elle l’obligea à se rasseoir à ses côtés, et elle le regarda droit dans les yeux. Un sourire naquit rapidement sur ses lèvres, et elle explosa littéralement de rire. Déconcerté d’un tel changement, il lui demanda en souriant à son tour :

- J’peux savoir ce qu’il y a d’aussi drôle ?

Elle ne lui répondit pas, trop occupée à rire à s’en étouffer. Comme si le rire était contagieux, il se mit à rire avec elle. La bonne humeur était au goût du jour. Lorsqu’il n’entendit plus la voix du chanteur, il lui déclara :

- J’vais devoir y aller.

L’effet fut instantané (et pourtant, ce n’était pas une pub pour un détachant) : elle arrêta de glousser, et lui lança un regard attristé :

- Tu dois d’jà partir ? Oh nan ! J’vais m’ennuyer moi !
- T’inquiète, je t’appelle !
- Beuh… T’as même pas mon numéro !

Il sembla réfléchir, puis répliqua avec un sourire stupide :

- T’inquiète j’te dis ; je gère !

Un heureux sourire réapparut sur le visage de la jeune femme et, tranquillisée, elle posa ses coudes sur le comptoir, pour ainsi cacher sa figure dans ses bras. Tom l’observa un instant, attendri, mais les idées un peu floues. Il rejoignit enfin le jeune homme qui avait quitté la scène un peu plus tôt auparavant, pour se diriger vers la sortie…

powaaaaaaaaa
comment il me fait trop kiffer ce chapitre !!!

meuh t'as mm pas mon numéro !?

lool
ou qd il me pique ma bouteille...

zadouuureee

=) La suite dans un futur prochain^^

futur prochain
bof prochain
très prochain ??

Pas très prochain^^'

Le voilà =]

Chapitre 9

Claire eut la brillante idée de mettre un réveil matinal sur son portable. Elle fut traitée de tous les noms d’oiseaux possibles et inimaginables par sa colocataire endormie, puis se pressa de quitter la chambre. Après un petit déj’, Nutella oblige, elle alla se laver, se préparer, se maquiller, s’habiller, tout en essayant de faire le moins de bruit possible. Elle n’avait pas su résister à la tentation de se mettre du vernis à ongles sombres. Les cheveux détachés, elle était au naturel, avec une légère pointe de crayon. Satisfaite de son reflet dans le miroir, elle refit la liste de ce qu’elle avait à faire dans la journée ; la priorité étant d’accueillir le nouveau, avec son tuteur à la voix sexy. Elle sourit béatement à cette pensée, souhaita à Sophie de passer une bonne journée, puis s’enfuit armée de ses clés et de son sac. Elle devait se rendre au centre à 9h, alors qu’elle commençait à 11h son entretien. Cherchez l’erreur, songea-t-elle en soupirant. Son cours n’avait lieu que dans l’après-midi. Elle roula dix bonnes minutes, les mains crispées sur le volant, en tentant d’évacuer le stresse qui contrôlait la plupart de ses mouvements. Elle se gara dans le parking des employés, une place lui étant maintenant attribuée. À peine fut-elle sortie de sa voiture, et qu’elle se soit dirigée vers son coffre, une voiture faillit la renverser. Aux aguets, elle avait eu le temps de se reculer, mais elle l’avait échappé belle. Stupéfaite, elle regarda le véhicule se garer, et vit enfin le conducteur, ou plutôt la conductrice. Stupide bonne femme, pensa Claire rageusement.

- J’vais me la faire celle-là ! J’la sens bien ! Grinça-t-elle en se rendant dans l’établissement.

Elle fut accueillie par un jeune homme. Il lui apprit qu’il s’occupait de la propreté des bâtiments ; enfin du sol en tout cas. Il lui souhaita gentiment la bienvenue, mais dut bien vite la quitter : l’autre mégère l’appelait comme un chien ! Celle-ci lui reprocha la soi-disant saleté de son bureau. Penaud et embarrassé, il lui promit qu’il s’occuperait de nettoyer cela le plus tôt, et le plus vite possible.

- J’espère bien ! Lança la femme avec une mine dégoûtée rien qu’à l’idée de s’asseoir sur sa chaise.

Pendant sa comédie, elle plaça un joli sourire hypocrite, auquel Claire répondit avec haine. Zen, il lui fallait rester zen. Dès qu’elle ne fut plus à portée de vue, Claire perdit tout signe de sourire, pour ne laisser qu’un visage froid, mais surtout furieux. Elle serra les poings, juste pour se convaincre de ne pas tourner les talons. Elle reprit donc sa marche ; le stresse avait disparu, mais la colère n’était peut-être pas une solution… Elle trouva au bout de cinq minutes son bureau. Lorsque la directrice lui avait annoncé la dernière fois, elle avait accusé le coup. Un bureau, pour une petite enseignante ? Tout simplement pour qu’elle puisse faire passer les entretiens d’admission. Elisabeth lui avait expliqué qu’elle n’avait pas beaucoup de temps ; elle demandait donc à Claire de faire passer les entretiens, en faire une synthèse rapide en donnant son avis personnel, pour qu’elle puisse décider de la finalité du dossier.
En plus bref, elle avait un bureau ! Elle pénétra dans la petite pièce. Ca avait vraiment besoin d’une touche de gaieté : plus sobre, tu meurs ! Elle s’installa sur la chaise à roulettes, puis rangea un peu ses affaires, pour faire passer le temps. Elle avait déjà préparé ses cours ; elle y jeta un rapide coup d’œil. Elle fit quelques recherches dans la bibliothèque, sa familiarisant avec l’endroit. Vers 10h30, son téléphone se mit à sonner. Cet appel mal venu fut prit à l’extérieur de l’enceinte. C’était moi. Je fus engueulée, maudite ; que du bonheur. On s’était pourtant mise d’accord pour que je l’appelle à cette heure là ! Elle ne se rappelait même pas… --‘ Navrée, je lui demandai si je devais raccrocher. Elle m’en empêcha, ayant soudain une grande envie de parler. Elle me raconta leur soirée, en omettant bien sûr le moment où elle avait été saoule ; elle me raconta aussi sa courte matinée, et son inquiétude pour la suite.

- Allez, j’suis sûre que tu vas lui en mettre plein la vue ! Et pour l’autre conne, t’occupes pas d’elle. Elle en vaut pas la peine !
- Julie, au secours !...
- Qu’est-ce qu’il se passe ?!
- Y’a un dieu qui se dirige dans le centre avec un mec sûrement mineur.
- Ca doit être les gens qui tu attends !
- Mais il est que… aaaahhhh merde c’est l’heure ! Qu’est-ce que je fais ?!
- Mais bouge banane ! Raccroche ! Sinon ta bonne femme n’en fera qu’une bouchée !
- Merde !!!

Elle raccrocha vite, puis fonça dans l’établissement. Il fallait à tout prix qu’elle les choppe avant l’autre ! À peine arrivée qu’elle vit qu’il était trop tard. Elle lui faisait déjà un numéro de charme, auquel, il n’avait pas l’air de prêter attention. Il fallait qu’elle tente une approche, sinon, ils partiraient, et en colère a priori. Elle commençait à être un peu trop insistante au goût des deux !

- Tom ? Appela Claire en tout état de cause. Tom Kaulitz ?

Ils se tournèrent vers elle, avec un petit air soulagé.

- Oui, c’est bien moi.
- Alors suivez-moi tous les deux.

Ils ne se firent pas prier, trop heureux de quitter cette pièce. Elle les mena jusque dans son bureau, puis leur proposa de se poser. Ils acceptèrent en s’asseyant tranquillement.

- Bien ; on va faire les présentations. Je suis Claire, et probablement l’une de tes futures enseignantes. Et tu es ?
- Andreas. Andreas Kaulitz, répondit le jeune, les mains posées sur ses genoux.
- Et donc vous êtes tous deux…
- Cousins, répondit à son tour Tom. C’est mon jeune cousin.
- Je vois. Quelle est la raison de votre présence, alors ?... Andreas ? Insista-t-elle, n’obtenant aucune réponse.
- On est là parce que Andreas a causé plusieurs accidents, dont un qui a tué ses parents… Homicide involontaire, menant au centre de redressement.

Claire frissonna. Imaginer qu’un petit bout d’homme comme ça puisse tuer ses parents lui fichait la frousse. Elle garda néanmoins son sang froid, et demanda des détails sur la mort, la dégoûtant au passage. Andreas ne disait rien, perdu dans ses pensées. Tom répondait aux questions, semblant avoir l’habitude du comportement passif de son cousin. Il avait joué avec le feu, fait flambé l’intérieur de sa poubelle à papier. Il avait tout laissé en plan pour aller se balader, et lorsqu’il était rentré, les flammes s’étaient répandues, et avait brûlé une grande partie de la maison, dont la chambre des parents. Paniqué, il avait fugué, mais avait été retrouvé par la police quelques heures plus tard.

- Et voilà, vous connaissez l’histoire, finit Tom dans un soupir.
- Je vois, répéta-t-elle en notant quelque chose. Est-ce que je peux te poser une question Andreas ? Juste une seule. Ne te sens surtout pas obligé d’y répondre.

Elle le vit hocher la tête, acceptant d’écouter du moins la question. Elle la posa donc, mais à contrecœur.

- Est-ce que tu regrettes ? Je veux dire, est-ce que tu regrettes ce qu’il s’est passé ce soir là ?

Elle vit ses yeux commencer à briller dû à la naissance de larmes.

- Tu n’es pas obligé de répondre, lui rappela-t-elle, honteuse de le rendre triste. Mais c’est une question que j’ai ordre de poser.
- C’est pas grave, affirma-t-il d’une voix étranglée. Mais je… Oui…

Un silence lourd de sens s’établit, mettant plus ou moins fin à l’entretien. Elle l’informa que s’il voulait visiter les lieux, il en avait la possibilité. Il la remercia furtivement, puis sortit le plus vite qu’il pouvait, meurtri malgré lui. Tom l’interpella, lui demandant de l’attendre quelques secondes. Il s’excusa auprès de Claire, celle-ci affirmant à son tour que ce n’était pas grave. À peine étaient-ils sortis qu’elle céda : elle s’effondra littéralement sur son bureau. Les larmes commençaient à prendre place dans ses yeux.

- Putain, c’est sportif comme boulot…Souffla-t-elle en s’essuyant les yeux.

Dès qu’elle entendit un bruit d’entrée, elle tenta maladroitement de reprendre une position convenable. Tom revint s’asseoir, l’air très à l’aise.

- J’trouve que tu t’en es bien sortie.
- Merci… Dans tout les cas, on passe vite du vouvoiement au tutoiement avec toi !
- Oh ! Tu te souviens pas de moi. C’est vexent…

Elle leva un sourcil interloqué, puis comprit enfin :

- T’es le type du bar, c’est ça ?
- Gagné ! Bravo. Tu t’es bien remise à ce que je vois.
- Tu parles ! J’étais complètement cuite !
- Tu bois rarement ?
- Mmmhh… Je suis plus une adepte de l’eau. Et puis, disons que je bois rarement avec un beau gosse, fit-elle avec un mince sourire.
- Je sais, je sais…
- Personne n’a dit que c’était toi !

Chapitre 10

Il accusa le coup, surpris d’une telle pique.

- Alors comme ça, j’suis pas un beau gosse ? L’interrogea-t-elle avec une mine déconfite.
- Je ne répondrai pas à la question x) Mais c’est bien Tom Kaulitz, hein ? Le Tom K. de l’ancien groupe TH ?
- En chair et en os ! Annonça-t-il en retrouvant sa bonne humeur.
- La classe… Mais t’es pas Allemand à la base ?! S’étonna-t-elle après une légère pause.
- Bah si… Et je le suis toujours ! Mais avec des cours particuliers, et un pays où on parle que la langue, tu deviens vite bilingue !
- Oulà ! C’est trop irréel… C’est déstabilisant comme situation.
- Pourquoi ? Demanda-t-il, complètement à l’ouest.
- Oh rien ! J’ai un ancien membre du groupe TH qui m’amène son cousin, et j’apprends qu’il parle parfaitement ma langue ! Mais sinon tout va bien ! Ironisa-t-elle.
- J’me doute que ça peut surprendre, mais faut pas être choquée pour si peu !
- Pour si peu, releva-t-elle en soupirant d’un ton las. Bref, c’est pas grave. Comment va ton frère depuis Dimanche soir ?
- Tu l’as capté, hein ? Grimaça-t-il.
- Ouais, et même que tu m’as abandonné après qu’il ait fini de chanter.
- On fait toujours ça pour éviter que d’anciens fans ne viennent nous coller. On coupe court à la soirée, et on rentre.
- Ah ok. Tiens d’ailleurs, tu pourras demander à ton frère de retourner là-bas ? J’ai ma coloc’ qui est devenue complètement gâteuse. Et je ne suis même pas sûre qu’elle se soit rendue compte de qui c’était.

Son petit air rêveur fit sourire Tom. Il entendit une sonnerie. Ah ! Le portable, quelle belle invention. Il lut le texto qu’il avait reçu, et soupira en se levant.

- J’suis désolé, j’dois y aller. Y’a Bill qui…
- T’inquiète ; j’comprends. T’as pas à te justifier. Juste une chose ! Le retint-elle un peu. Ton numéro de Tél., s’il te plaît.

Il vit briller dans ses yeux une lueur de malice. Il accepta en lui disant :

- D’accord ; file moi ta main.
- Comme si j’allais me balader toute la journée avec ton numéro sur la main…
- C’est ça ou rien ! Menaça-t-il en rigolant.
- J’suis sûre qu’il y a d’autres endroits qui t’intéresseraient. Mais bon, je ne pourrai pas lire donc c’n’est pas dans intérêt.
- Quels genres d’endroits ? Insista-t-il en se rasseyant doucement.
- Le genre d’endroit que t’as même pas le droit d’imaginer… Mais comme je disais, répéta-t-elle en se levant avec souplesse et en s’appuyant sur le coin de son bureau, ce n’est pas dans intérêt…
- Sûre ? Tenta-t-il en s’approchant légèrement d’elle.

Ils jouaient au même jeu ; lequel craquerait le premier. Ils furent coupés en pleine partie par Andreas qui avait fini sa balade. Il semblait plus serein ; tant mieux. Tom et Claire ne s’étaient pas quittés des yeux, l’un ayant trop envie de voir l’autre faiblir. Ils furent obligés de stopper tout, le jeune homme se raclant bruyamment la gorge pour attirer leur attention, et surtout, par gêne. Voir son cousin draguer l’une de ses profs ne devait pas vraiment l’enchanter. Ils détournèrent le regard d’un parfait accord, l’un se recalant dans son siège, et l’autre se redressant légèrement. Mais le même sourire flot tait sur leur visage. Deux animaux qui jouaient avec l’adversaire réciproque. Oui, il avait la sensation d’être en face de deux bêtes sauvages. Il eut une soudaine envie de prendre ses jambes à son cou, et de s’enfuir. Mais la fuite ne résolvait rien. Alors il restait là, comme une potiche, à attendre que les deux adultes devant lui se comportent comme tels.

- Je suis accepté ?
- Oui.

Un seul mot, mais qui signifiait tout ; pas besoin d’autre chose. Il expira l’air qui était restée contenu dans ses poumons, se permettant de respirer à noveau.

- Si tu veux, tu peux commencer les cours demain, ou rester aujourd’hui, histoire de te familiariser avec l’endroit.

Tom lui lança un regard pressant, et Andreas répondit qu’il préférait commencer comme tout le monde ; le matin.

- D’accord, je comprends. Et bien à demain Andreas.
- Bye…

Il sortit rapidement, tandis que Tom, même pressée par le temps, tarda un peu dans le bureau.

- Alors ? Cette main ? L’interrogea-t-il avec un sourire en coin.

Elle explosa de rire, sincèrement amusée par la situation, puis céda, en souriant à son tour. Elle tira un stylo de sa trousse. Elle vint à ses côtés, et lui tendit, en lui montrant l’intérieur de son avant-bras dénudé.

- Pas la main ; l’avant-bras.
- Bien mademoiselle…Accepta-t-il dans un sourire charmeur. Puisque c’est un ordre.

Il inscrivit d’une main experte son numéro, puis signa fièrement.

- Et en plus, j’ai un autographe ! Quel honneur, s’exclama-t-elle en faisant quelques pas vers la sortie.
- Tout le monde n’a pas eu cette chance, répliqua-t-il en l’attirant à lui.
- J’n’en doute pas…souffla-t-elle dans un soupir.

Il avait placé ses mains sur les hanches de la jeune femme, et avait laissé glisser ses doigts juste à l’endroit où son débardeur n’était plus. Elle pouvait sentir ses doigts s’enfuir vers sa chute de rein. Si le but était de la chauffer, il était plutôt bien parti.

- Tu triches…Lança-t-elle en essayant de reculer.

Elle fit quelques pas en arrière pour se libérer, mais se retrouva coincée par la porte. Tel un fauve qui s’approche de sa proie, il s’avançait vers elle. Elle répondit à son léger sourire, le regardant faire son manège. Avec assurance, il était appuyé de son bras tendu contre la porte, encadrant le visage de la jeune enseignante. Elle pouvait le sentir se coller à elle calmement. Inspirer, expirer. Sans prévenir, elle appuya sur la poignet de la porte, et, emportée par son propre poids, se libéra de son emprise. Il ne fut pas loin de se rétamer de tout son long, et dût sûrement bénir le mur du couloir d’en face qui l’avait soutenu au dernier moment. Elle s’empêcha de rire trop fort, une main plaquée sur sa bouche pour se faire taire. Andreas, lui, attendait tranquillement au bout du couloir qui menait à l’accueil.

- Je t’attendais pour éviter l’autre folle, mais j’aurais mieux fait d’y aller avant, ça aurait été plus rapide, grinça Andreas avec amertume.
- Je suis désolée Andreas, s’excusa Claire entre deux fous rires. Avec ton cousin, on discutait de…de ton entrée ici.
- Tout à fait, confirma Tom en s’adossant au mur sauver, frustré.
- J’imagine très bien…
- Vaut mieux pas, je crois, gloussa Claire en regardant Tom. Je voulais pas te faire tomber, j’te jure.
- Mouais…grogna le concerné en croisant les bras.

Claire leva les yeux au ciel, puis proposa à Andreas sa compagnie, pour qu’ils puissent éviter la mégère de l’accueil.

- Ca se refuse pas ! S’écria le jeune. Je crois que tu l’aimes autant que nous.
- Si ce n’est plus…soupira Claire en lançant un regard à Tom qui semblait toujours faire la tête…

Ils dévalèrent les escaliers, et traversèrent quelques couloirs pour enfin atteindre l’accueil. Andreas se plaça de telle façon qu’il était à l’abri des regards, et loin du bureau. Tom étant plus grand que lui, il serait plus en sécurité. Mais que voulez-vous, c’était Tom, et il attirait toujours l’attention :

- Mr Kaulitz ? Couina-t-elle en faisant de grand geste pour montrer sa présence.

Les deux concernés par ce nom s’arrêtèrent net, crispés. Tom plaqua un sourire poli sur son visage, et se tourna vers elle.

- Ils sont pressés ; n’est-ce pas, Tom ?

La femme de l’accueil perdit son sourire stupidement charmeur, laissant apparaître une lueur de haine dans son regard. Claire avait fait son apparition : elle s’était positionnée entre les deux jeunes hommes, et venait de se décaler. Tom se tourna vers Claire, avec un sourire plus naturel. Il ne boudait plus.

- C’est exact. Confirma-t-il sans regarder la femme qui s’énervait derrière son bureau. Désolé !

Il s’approcha de Claire, se frottant imperceptiblement contre elle, pour lui souffler au creux de l’oreille :

- J’aurai ma vengeance…
- Je suis impatiente… Lui répondit-elle en le repoussant gentiment, en souriant.

Elle jeta un regard à son ennemie. Elle fulminait ; son sourire s’agrandit. Elle fut néanmoins surprise lorsqu’elle vit le visage de son compagnon s’avancer dangereusement du sien. Elle sentit la panique prendre possession peu à peu de son corps, tandis qu’il continuait à jouer avec ses nerfs. Mais il détourna bien vite sa trajectoire, pour poser ses lèvres sur sa joue, à la commissure des lèvres de la jeune femme. Il se recula lentement, pour observer sa réaction. Elle ne bougea pas, mais reprit confiance, et leva un sourcil de défi. Cap ou pas Cap ? Il n’osa pas ; peut-être simplement pour la faire patienter, ou pour la frustrer. En tout cas, elle le repoussa après quelques secondes d’immobilité, en rigolant.

- Petit joueur !

Il ne releva pas, ayant conservé son sourire. La femme de l’accueil, et Andreas, n’en avaient pas perdu une seule miette. Mais les deux ne ressortaient pas le même avis de la situation.

- Tu m’appelles ?
- T’en doutes ?
- Je devrais ?

Elle sourit à nouveau, ne répliquant rien.

- C’est pas que je m’ennuie mais…Commença Andreas en soupirant.
- Oui, t’inquiète ; on y va, affirma Tom.

Il commença à reculer vers la sortie, et dit une dernière fois en s’adressant à Claire :

- Tu m’appelles, hein ?...

Il n’attendit pas la réponse ; ils étaient déjà sortis. Elle soupira, toujours souriante. Elle était sur un petit nuage. Mais elle tomba bien vite, la voix de l’autre cruche la ramenant violemment à la réalité.

- Je ne crois pas que flirter avec le tuteur du nouveau soit une bonne idée…Mais après, ce n’est que mon avis…
- Mais où avez-vous vu quelqu’un flirter ? Demanda Claire avec un sourire crispé.

La femme de l’accueil lui sourit à son tour, de la même manière, en pensant probablement la même chose, à quelques éléments près…